À propos de nous
VFV galerie a été fondée en 2023 par Victor Férec, étudiant, passionné, et par François Vallée, professeur en classe préparatoire, traducteur littéraire, critique d’art et l’un des plus éminents spécialistes et collectionneurs d’art cubain. Une partie de sa collection a été exposée entre septembre 2022 et avril 2023 au Musée des beaux-arts de Rennes, au Centre d’art contemporain 40mcube de Rennes et au Centre d’art contemporain Passerelle de Brest, sous le titre Tout le poids d’une île. Collectionner l’art cubain.
Notre galerie présente le travail d’un large éventail d’artistes cubains contemporains provenant de différentes générations, exilés ou habitant à Cuba, défenseurs de conceptions esthétiques et éthiques orientées par le dissemblable, et qui occupent une place fondamentale sur la scène actuelle de l’art cubain et latino-américain.
Notre dessein est de briser la polarité, la dichotomie par lesquelles est systématiquement présenté l’art cubain: celui de l’île ou celui de l’exil ; de montrer que cet art ne se limite pas à l’œuvre de Wifredo Lam et qu’il n’est pas non plus un art naïf, joyeux, coloré ni folklorique, loin de là. En réalité, le critère de spécificité d’un art national n’existe pas. On ne peut définir l’art d’un pays d’une manière distinctive, mais seulement évoquer ses individualités. Il y a autant de spécificités de l’art cubain que d’artistes cubains.
Nous avons choisi ces artistes parce qu’ils nous offrent une façon particulière et originale de sentir le monde et donnent corps à l’essence secrète des choses. L’art pour eux ne relève pas d’une production, mais d’une nécessité, d’un besoin intérieur viscéral. En outre, ils suivent une ligne de recherches qui s’entrecroisent, s’emmêlent et qui, souvent, interrogent leur identité idiosyncratique. Ces artistes réfléchissent sur la construction de la modernité insulaire à travers une vision socio-anthropologique, politico-historique, idéo-esthétique. L’art cubain contemporain est un art post-colonial, post-tropicaliste, post-conceptuel... traversé par le regard subjectif de l’individu qui se révèle et se révolte à travers son œuvre artistique, laquelle, dans les meilleurs cas, n’est plus prisonnière des conventions usées. Pour paraphraser les trois plus grands essayistes et critiques d’art cubain actuels: l’art cubain est un post-modernisme de résistance (Gerardo Mosquera); il subvertit l’inonocratie et se comporte comme une troupe de francs-tireurs combattant à l’arrière-garde (Iván de la Nuez); il est décolonial et néo-baroque (Omar-Pascual Castillo)…
Presque tous les artistes représentés par notre galerie sont issus de la génération mythique des années 1980, qui ont toujours défendu un art dépourvu de toute visée spéculative, un art d’idées augmenté d’une dimension allégorique, parodique, conceptuelle, anthropologique et postmoderne. Il s’agit d’une génération d’artistes qui, influencés par l’expressionisme sombre, irrévérencieux, grotesque, violent des figures majeures de l’art cubain des années 1960 comme Santiago Armada (Chago), Umberto Peña, Antonia Eiriz, Raúl Martínez, Jesús González de Armas, Manuel Vidal… transforma profondément l’art académique, conservateur, militantiste et moraliste de la décennie précédente (« la décennie grise »), fondé sur l’idéologie marxiste-léniniste, la lutte révolutionnaire, le dogme stéréotypé de l’identité nationale ; une génération qui rénova la scène culturelle cubaine et, chose extraordinaire, la culture de ce pays en amenant l’art au-delà de l’art. Ces artistes comprirent qu’exiger de l’art qu’il ait une utilité sociale, fût-elle révolutionnaire, revenait à le nier dans ce qu’il a de plus spécifique : l’affirmation de la liberté. Ils réussirent à élaborer un art sans restrictions, impositions ou consignes en utilisant les langages et les méthodologies développées depuis les années 1960 en Occident, c’est-à-dire en s’ouvrant au monde tout en défendant une autonomie et une éthique de leur production artistique.
Notre travail sert donc en partie à casser les stéréotypes sur l’art cubain, mais aussi sur Cuba et la cubanité (laquelle, selon Severo Sarduy, « est en soi une synthèse métaphorique, car il ne s’agit pas d’une diachronie, d’une chronologie, mais justement d’une image du devenir »). Il sert aussi à montrer qu’un petit pays, quel qu’il soit, peut avoir des artistes aussi brillants, originaux et enviables qu’aux États-Unis, en Angleterre, en France ou en Allemagne. L’art cubain contemporain éminent constitue une force de résistance, il possède une esthétique profonde et originale en consonance avec les tendances les plus insignes de la modernité.
Galerie d'Art VFV Galerie
